Chez Pierre


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Ça ressemble à une maison comme un pigeon à un avion

Là où j’habite, rien de construit à l’horizon : j’ai découvert ce paysage avec juste une petite ruine au milieu d’un grand silence immobile.
Comme en pleine mer, j’étais sur terre.
Jamais encore je ne m’étais senti si imbécile d’être heureux.
Je me suis dit, c’est ici que je deviendrai,
sûr de mon coup, tel un gangster comptant sa recette,
loin du pays de ses turpitudes.
J’ai acheté l’endroit et retapé la petite grangette pour m’abriter de la pluie.

Petit à petit, au fil des ans, j’ai agrandi devant, derrière, construit des à côtés, des ateliers, le pigeonnier, le poulailler, des abris bois, des caeteras.
Le tout s’égaye par ci par là.
L’endroit n’est plus si droit,
Et le paysage n’est plus si sage.
La campagne n’est plus si pagne,
moins à l’air libre, plus terre à terre.
Ça ressemble à une maison comme un pigeon à un avion.

Pour moi qui montre aux amateurs et les invite à s’égarer,
Le lieu témoigne et m’innocente .