Au hasard des rue à Villeneuve la bastide


Du 1er juillet au 31 Aout à Villeneuve (Aveyron)

Les oeuvres de Prévost au hasard des rues

Prévost transforme tout, y compris rues et places

Après les boutiques de la bastide Villefranche ou encore le cœur de Belcastel durant l’été 2015, Pierre Prévost jette son dévolu sur la cité du Villeneuve pour ces mois de juillet et d’août. «Depuis quelques jours, s’amuse ce gamin aux tempes blanchies par les ans, j’ai envahi Villeneuve de manière informelle, mais avec l’autorisation bienveillante de son maire.» Ainsi ses «sculptures» nées de son imaginaire et des ustensiles qu’il a pu récupérer ici ou là trouvent-elles leurs places éphémères en fonction d’emplacement disponibles.» J’associe le gris de la pierre et les couleurs de mes travaux», explique l’homme de Léonard.

Cette expo déambulatoire, baptisée joyeusement «au hasard des rues, offrira aux visiteurs, comme aux résidents de circuler dans le village «et d’être surpris» en tombant nez-à-nez avec d’improbables créations.
Cet incroyable personnage sait aussi rester à sa place lorsque les règles du calendrier l’imposent. Ainsi, afin de ne pas perturber l’organisation de la fête médiévale, il retirera ses créations des lieux public. Par contre comme il l’explique avec malice, «au fil des rencontres lorsque j’installe, je discute avec les gens et certains m’autorisent à installer mes sculptures chez eux durant la fête; ainsi je vais déménager dans différents jardins… et chacun pourra s’approprier les sculptures en place pour en profiter.»
Il sait que durant ces mois de juillet et d’août, il prend le risque de voir certaines œuvres volées ou dégradés. «Sinon tu ne fais rien, d’autant qu’il s’agit d’une animation, pas d’une exposition classique.» Rien d’officiel chez Prévost, et encore moins de vernissage de circonstance. «Les visiteurs sont libres d’aller et de venir, ce qui m’intéresse c’est la liberté d’exposer pour le passant ou l’amateur d’art à l’occasion…»
A voir en juillet et août dans Villeneuve au gré des rues.
J.-P.C.
Le 4juillet 2016

La dépèche
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Depuis début juillet, les étranges personnages de Pierre Prévost ont pris position dans les rues et les maisons de Villeneuve, pour ce qui est bien plus qu’une exposition.

Tous les tours qu’il peut jouer dans le trop sérieux monde qui l’entoure amusent le sculpteur Pierre Prévost. Comme un gamin s’étouffant de rire !

Après Villefranche en 2015, mais avec pas mal de nuances, cet été le petit monde de ses sculptures conçues de bric et de broc fait le bonheur de Villeneuve. Lui baigne dans cette atmosphère de la bastide du Causse, où il se sent comme un poisson dans l’eau. «Lorsque tu arrives ici, tu es heureux de voir qu’il peut y avoir d’autres comportements que la méfiance et l’incompréhension ambiante», explique-t-il. Une ambiance proche de celle qu’il a déjà ressentie à Belcastel. Lui, le façonneur d’improbables créations, tout à la fois agitateur d’idées et plasticien installateur se joue de toutes les modes et les tendances. L’idée même du vernissage – «Je connais par cœur ces petites cérémonies tout à la gloire de l’artiste, inévitables et très banales dans mes anales» – le révulse. Sa démarche va dans le sens de la rencontre. Il confirme d’ailleurs : «Quand il a fallu que je les déménage pour la fête médiévale, ici je n’ai rencontré aucun problème pour installer mes sculptures chez les gens». Jusqu’à être surpris d’entendre une résidente lui intimer : «Je veux que vous me remettiez la cigogne…».

Son regard jubile de gourmandise. Dans les rues étroites, un riverain opine : «En tout cas, il y a beaucoup de monde qui regarde…».

«Pour moi Villeneuve est un écrin, apprécie l’artiste, et tous les jours, je me régale d’en faire le tour», poursuit-il. Il en enlève, il en rajoute, il en déplace aussi. Au gré de l’inspiration de l’instant ou des demandes suggestives. Il tranche d’ailleurs, «je n’affiche aucun prix, car ce qui m’intéresse dans cette démarche, c’est bien à travers mon intervention de participer à la vie de la cité».

Tout est prétexte au dialogue. Avec le curé du village, devant l’église de laquelle il a planté la statue d’un Christ minimaliste, ce sera un échange autour de l’évolution de la représentation de Jésus sur la croix. «J’ai eu des gens qui ont insisté pour avoir des statues chez eux et qui m’ont aidé à les accrocher…». Pas de bémol ou presque.

«Et en plus, depuis un mois que tout cela est installé, je ne me suis pas fait voler la moindre pièce, comme ce fut le cas à Belcastel l’an dernier». Ni vol, ni dégradation. Parce que l’art de la rue appartient à tous. «Cela me permet d’exposer tout ce que je fais, y compris dans la galerie 89 mise à disposition par Jean Massip, que nous ouvrons de manière aléatoire et où on retrouve aux côtés de mes sculptures et de mes textes des photos de Jean-Pierre Cousin, dit Loup», poursuit Pierre Prévost. Une globalité pour une expo-intervention qui fera date. En attendant la suite, ailleurs, l’été prochain…

À voir jusqu’à la fin de l’été dans les rues de Villeneuve.

L’essentiel t
Jean-Paul Couffin
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Pas besoin d’être devin pour mesurer l’impact de «l’accrochage» de Prévost dans les rues de Villeneuve. En prélude aux spectacles du Festival en bastides, ils étaient nombreux à sillonner le cœur de cette bastide. Certains s’interrogeant, d’autres – très minoritaires – donnant du scepticisme trahis par quelques haussements d’épaules frileux. Mais en règle générale, en particulier pour les familles, la relation avec les œuvres exposées à ciel ouvert, la logique tenait d’un tout autre registre.

«C’est extraordinaire, on voit les parents comme les enfants chercher pour voir s’il n’y a pas d’autres statues cachées», s’esclaffe Pierre Prévost. Preuve qu’il n’est pas besoin de se lancer dans la seule quête de virtuels «Pokémons» pour prendre du plaisir…

À l’angle d’une place, il n’est pas rare non plus de voir des visages illuminés de sourires se photographier aux côtés d’une des créations de l’inclassable artiste de «Léonard». Cette aventure villeneuvoise tient pour lui de cerise sur le gâteau de ses expositions. «Les gens se parlent, les statues leur permettent d’établir un contact direct et facile», jubile-t-il. Et c’est bien là l’essentiel…
La Dépêche du Midi